Manga Lulu Williams est né en 1994 à Bamenda, ville la plus peuplée du Cameroun anglophone, où il commence à dessiner dès l’âge de 5 ans. À 10 ans, il part vivre avec ses parents à Buea où il vit encore actuellement, toujours en région anglophone.

Depuis l’âge de 15 ans, Manga Lulu puise son inspiration de son environnement et des évènements qui l’entourent. Après une formation académique classique aux Beaux- Arts de Foumban, en région francophone, il commence à aborder les problématiques politiques et sociétales camerounaises, liées à la crise anglophone qui a débuté en 2017, en collectant les récits de ses proches.

En 2018, lorsque les tensions montent, Manga Lulu décide de retourner dans la région anglophone afin de documenter cette crise au moyen de la peinture. Depuis le temps que dure la guerre civile dans ces territoires, les populations sont les premières victimes des combats qui font rage entre les forces armées camerounaises et les groupes séparatistes anglophones. Ces derniers ont auto-proclamé l’indépendance de leurs régions, qu’ils nomment République Fédérale d’Ambazonie.

Aujourd’hui, Buea, où réside Manga Lulu Williams, connaît une certaine accalmie mais l’artiste déplore l’instabilité constante et l’insécurité quotidienne dans les villages à proximité. Le conflit est toujours en cours et Manga Lulu relate dans ses œuvres les conséquences de cette crise, qui déchire le pays.

Il revendique son rôle de lanceur d’alerte sur la situation qu’endurent les populations anglophones. Ce qu’il a vu durant cette crise a laissé en lui une marque indélébile. Il a décidé de mettre son talent d’artiste au service des victimes, de porter la voix de ceux qui ont le souffle coupé.