Seydou Keita - Sans titre, 1954-1960. Tirage argentique posthume 162 x 122 cm. Edition de 5 + 2 EA. Crédits : Seydou Keïta et Galerie Nathalie Obadia


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Galerie Nathalie Obadia


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Seydou Keïta (2023)

Seydou Keïta est né en 1921 à Bamako (Mali) et mort en 2001 à Paris (France). 

Nathalie Obadia est heureuse de présenter la quatrième exposition du photographe malien Seydou Keïta (c. 1921-2001), qui a tenu de 1948 à 1962 l’un des studios de photographie les plus courus d’Afrique de l’Ouest. De retour d’un voyage au Sénégal, son oncle lui offre un petit appareil Kodak Brownie Flash, avec lequel Seydou Keïta capture d’abord sa famille et ses amis, puis les passants dans la rue. En 1948, il décide de fonder son propre studio et s’installe sur la parcelle familiale derrière la prison centrale, dans le quartier de Bamako-Coura (« Nouveau-Bamako »). Seydou Keïta se spécialise alors dans le portrait de commande, individuel ou en groupe, qu’il réalise essentiellement à la chambre, en noir et blanc. Grâce à la qualité de ses tirages et à la grande sophistication de ses portraits, il devient dès ses débuts un photographe prisé. 

Devant l’objectif, les modèles de Seydou Keïta ont la liberté et l’espace pour façonner leur propre image, et parfois endosser le rôle auquel ils aspirent. Le jeune photographe laisse par exemple ses sujets choisir parmi plusieurs accessoires qu’il entrepose dans son studio : radio, montres, cravates, fleurs en plastique... Il met même à disposition sa Vespa le temps d’une pose – une possession qui marque la propre réussite économique de l’artiste. Ces différents accessoires symbolisent la volonté d’accéder à un certain statut social ou de s’octroyer des privilèges réservés aux Blancs. Beaucoup d’hommes posent volontiers vêtus « à l’européenne ». 

Une lumière naturelle, une attention accrue portée à la pose, un fond rythmé par les motifs : tous ces éléments caractérisent les clichés de Seydou Keïta et les rendent instantanément reconnaissables. Ces portraits argentiques aux compositions élaborées constituent également un témoignage unique des changements de la société malienne de l’époque, qui s’émancipe des traditions et aspire à une certaine modernité, tandis que la décolonisation est à l’oeuvre et que l’indépendance approche.