Nú Barreto (2021)
De São Domingos en Guinée-Bissau où il naît, Nú Barreto rejoint la France en 1989, un an après avoir été choisi pour représenter son pays à l’Exposition Universelle de Lisbonne. Diplômé de l’École Nationale des Métiers de l’Image des Gobelins, à Paris, il développe une œuvre pluridisciplinaire et engagée en créant une sémantique qui lui est propre.
Après un détour par la photographie, le dessin est devenu le médium de prédilection de l’artiste, dont la réflexion sur l’Afrique contemporaine s’exprime aussi à travers de puissantes installations murales. Saisissante démonstration d’une verve graphique, ces œuvres expriment autant sur les souffrances quotidiennes du peuple africain que sur la condition humaine et les stigmates de la mémoire collective.
Ce travail s’inscrit dans une démarche plasticienne, où le collage, le jeu de matières, les couleurs, les éléments importés et bruts (cartons, emballages, bouts de tissus) sont aussi importants que les motifs représentés. Sous la forme de patchworks anarchiques, ses œuvres évoquent une forme de précarité du logement et la misère sociale. L’ajout d’inscriptions, de fragments de journaux ou d’affiches alimente la dimension authentique et expressionniste de ce travail. Cependant, quelque chose de l’ordre du rêve, de la poésie et de l’espoir se déploie ainsi dans ces compositions, renforcé par une palette de couleurs de plus en plus diversifiée et optimiste, qui contrebalance la charge contestataire présente dans ses œuvres.
L’artiste porte aujourd’hui un regard lucide et acerbe sur la situation actuelle de la Guinée-Bissau, plaque tournante du trafic de cocaïne où ne cessent de s’accroître les disparités socioéconomiques. Plus largement, c’est toute la complexité des enjeux qui déterminent les relations entre les différents États africains et l’Occident qui transparaît, sous la forme figurée, à travers la représentation de ses « homos imparfaits ». Ainsi, ses œuvres acquièrent une véritable portée universelle.
Parmi ses dernières expositions, on peut compter, en 2019, AFRO, Rencontres avec l’art de l’Afrique contemporaine au Centre culturel de l’Escale à Levallois-Perret (France), entre 2015 et 2018, l’exposition itinérante « Lumières d’Afrique » ou encore, en 2016, Convergences au siège de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africain à Ouagadougou (Burkina-Faso).
Il présente au printemps 2021 à la galerie Nathalie Obadia l’exposition L’imparfait et l’impératif, un ensemble de nouvelles œuvres sur papier recyclé, convoquant aussi bien le dessin que le collage, dont un polyptique de 42 dessins conçu comme le carnet de bord de ces derniers mois de pandémie.