Myriam Mihindou (2021)
Myriam Mihindou est une plasticienne franco-gabonaise dont l’œuvre ne connaît aucune frontière, au sens propre comme au figuré. Du saut en hauteur à l’architecture, en passant par l’école des Beaux-Arts de Bordeaux, sa formation déploie plusieurs espaces d’expression.
Elle évacue la question de l’appartenance à une culture spécifique ou à un médium artistique en jouant des porosités […]. La performance, comprise comme une pratique où le corps est à la fois l’outil et l’écran d’une pensée, peut être envisagée comme le fil conducteur d’une création artistique cathartique.
Avant cela, le voyage et la rencontre nourrissent son travail. De l’Égypte à la France métropolitaine, en passant par le Maroc, la Réunion, le Gabon, l’Ouganda ou les États-Unis, Myriam Mihindou est une véritable exote, qui, par le déplacement et l’expérimentation de lieux et de contextes, mène une recherche physique et mémorielle […] qu’elle va ensuite injecter dans ses performances et sculptures. Les performances, pensées comme des rituels, sont des moments de mise à l’épreuve de son corps pour transcender un trauma (No Sensibility, 2013). L’artiste marche sur du verre, recouvre sa peau d’aiguilles, s’enveloppe de coton, manipule de la glace ; elle opère des sorties de son propre corps pour incarner les maux qu’elle tente d’apaiser ou de guérir […]. Son travail s’inscrit dans le « care » ; dans un élan profondément, elle se préoccupe des corps blessés par les luttes de pouvoir, les oppressions et les violences qui traversent la condition humaine.
Myriam Mihindou déploie une œuvre intersectionnelle où les problématiques raciales rencontrent celles du sexe, du genre, de la langue, de la classe. Elle s’appuie sur son expérience personnelle et sur l’histoire (notamment coloniale), pour mettre en forme et en mots les souffrances infligées à tou·te·s ceux et celles qui n’appartiennent pas à la communauté dominante. En 2004, elle réalise Déchoucaj’, une série de photographies prises à Haïti lors d’une transe collective improvisée juste après un événement violent. Elle photographie les corps et les expressions pour en restituer des images en négatif qui accentuent l’étrangeté de la situation tout en atténuant la brutalité […].
Extrait du texte de Julie Crenn, pour le Site Aware https://awarewomenartists.com/artiste/ myriammihindou/ © Archives of Women Artists, Research and Exhibitions
Elle présente au printemps 2021 à la Galerie Maïa Muller ses dessins préparatoires à son œuvre Trophée, présentée dans l’exposition « Ex Africa » au Musée du Quai Branly – Jacques Chirac.