Laïla Bourebrab (2023)
Laïla Bourebrab est Algérienne. Et Française. Diplômée en arts appliqués, et en danse et chorégraphie. Elle a vécu au Maroc, quelques années. Bref, elle vit dans le mouvement. Le devenir, les souvenirs, d’ici et d’ailleurs. Ici est toujours un ailleurs après tout.
Laïla Bourebrab, venue d’Algérie, pour qui le papier est le medium principal de ses tentatives de remonter le cours du temps, de retisser le lien avec les racines, avec la vérité des êtres, avec les sentiments les plus profonds et inavouables. Elle fait des bribes de souvenirs familiaux des matériaux de construction, bancals, partiels, mais précieux, infiniment. Le papier devient l’expression d’une recherche d’identité secrète, la seule qui ne soit pas vaine, celle que les esprits bricolent avec les âmes, les mânes, les espoirs trahis et les victoires chèrement arrachées. Surtout, ne pas figer cette identité dans le marbre. Lui laisser la possibilité d’évoluer, par couches successives, collages, recompositions, mélanges de matières et accumulations. Qu’est-ce, le socle fondamental ? La maison perdue ou la maison trouvée ? La noirceur des déceptions ou l’éclat des joies nouvelles ? Le lien à la terre, au ciel, aux ancêtres, ou à ce qui émergera de soi, des enfants plantés là ou des proches laissés derrière soi ? Peut-on atteindre la lumière si l’on est pas passé dans l’ombre ? La beauté est une réponse possible, la fragilité et la fluidité des destins aussi.
Cécile Dufay choisit de présenter une «Traversée de papier» avec comme artistes, Barbara Asei Dantoni, Dalila Aloui et Laïla Bourebrab. Ces papiers si follement importants, attendus, espérés, revendiqués, conspués. Ces traversées, pleines d’espérances, d’angoisses, de renouveau, de drames souvent ; de libération parfois. Ces passages qui paraissent une montagne, et qui séparent les hommes d’une nouvelle vie, frontière trop concrète et si factice, de l’épaisseur d’une feuille de papier.