Gastineau Massamba (2023)
Né au Congo en 1973, Gastineau Massamba reçoit très tôt l’enseignement de son père, professeur à l’École des Beaux-Arts de Brazzaville. Il poursuit ensuite ses études au Centre d’Art de la Tsiémé à Talangai dirigé par Rémy Mongo Etsion. Il y expérimente de nombreux médiums, performances, sculptures et poèmes. Après des travaux de couture sur toile qui l’ont fait connaître au niveau international, il revient à la peinture et au dessin avec une série de tableaux imprégnés de l’atmosphère intime de son atelier à Montreuil.
La galerie Anne de Villepoix présente la première exposition personnelle de Gastineau Massamba. Pour cette nouvelle exposition, l’artiste est revenu à la peinture après avoir épuisé le médium du « fil » pour générer une nouvelle énergie moins statique. « Être dans le mouvement, dit-il. Je ne suis pas un décorateur, je témoigne de mon temps, sans masque. Je travaille sur les corps.»
En bon dramaturge, l’artiste peint les chairs en profondeur. La quantité de réserve dans ce tableau au fond noir permet d’isoler les personnages. Son ascétisme donne à ses tableaux un décorum quasi nul, rappelant l’austérité du théâtre de Beckett. En effet, ne pourrait-on pas dire qu’il crée des figures indomptables au moment précis où elles représentent la peur ? Le cri omniprésent n’est-il pas une forme de résistance que le philosophe Gilles Deleuze attribuait à l’art, seule élévation dans un monde dépourvu de transcendance ? N’est-ce pas de cette capacité à «tenir bon» dans le monde et au milieu des situations les plus inhumaines que l’artiste témoigne à sa manière ?
Gastineau Massamba nous montre le sort de ces êtres humains qui fuient la violence politique sans aucune sécurité économique ou sociale, se déplacent et migrent à la recherche de meilleures conditions de vie. La force de cette peinture réside dans sa capacité à rendre visible ce cri silencieux et à nous faire entendre notre propre surdité face à la souffrance des autres.