Adewumi Oyeyemi (2023)

Adewumi commence très jeune à montrer des dispositions dans le domaine artistique. Dès l’âge de six ans, il fait preuve de capacités pour le dessin et sera alors confié à son oncle, sculpteur professionnel. Il intègre ensuite l’école Obafemi Awolowo University (OAU) à Ile-Ife en 2018 d’où il sort diplômé d’un B.A.ED en 2022. 

Adewumi fait constamment référence à sa région natale, un territoire de forêts de sources et de cascades sur les hauts-plateaux d’Ekiti au sud-ouest du Nigeria. Les oeuvres présentées, huiles et fusains sur toile exécutés en 2022, période préélectorale au Nigéria, alors que les inondations au Sud du pays enregistraient des niveaux historiques, concentrent les enjeux écologiques et les questions sociales et politiques, l’artiste dénonçant la corruption et pointant le désintérêt des politiques de tous bords.

Les figures grandeur nature donnent à voir les rudes conditions des habitants en lien étroit avec la terre. Intemporelles, se détachant sur un fond noir abstrait, l’artiste les fait pénétrer dans le monde des mythes autochtones Yorubas. D’autres, images de la liberté entravée, semblent se dégager des cordages qui les enserrent dans une volonté de résistance à l’oppression. 

Les fusains saisissants aux noirs profonds apportent une dimension spirituelle aux figures, isolées dans une attitude d’introspection profonde. Le support, une toile enduite d’amidon si fine qu’un souffle suffit à soulever, incarne une apparente fragilité que renforcent les drapés sophistiqués tels ceux de la Grèce hellénistique qui habillent les figures. 

Autour d’une histoire et d’une tradition à la fois ancienne et directe, ininterrompue, orale, déformée, mais vivante, Adewumi reste lié à ses ancêtres Yorubas retrouvés, en résonance avec l’état du monde, la mondialisation et les crises environnementales. L’artiste s’affronte au temps, avec son histoire, l’associant aux mouvements historiques déterminants dans le contexte de l’histoire coloniale et des luttes pour l’émancipation.